un film de Saeed Roustayi
Franck Leplus
L’une des forces de « La Loi de Téhéran », film iranien de Saeed Roustayi de 2019, a été de s’attaquer à un sujet d’actualité brûlant mais largement méconnu en Occident. Le jeune réalisateur, formé à la Soureh Film University de Téhéran, dévoile un sens du cadre et une science narrative impressionnants. De la courte-poursuite dans les ruelles de la capitale iranienne s’achevant brutalement et littéralement dans un trou, à la scène finale où des milliers de drogués errent dans les rues de la ville, le film enchaîne des images violentes et complexes. Il y a ces scènes inoubliables de corps entassés, de détenus dans des cellules bondées ou écrasés contre les grilles d’une cellule commune.

L’incarnation du policier dur et accrocheur est réalisée avec brio par l’acteur Payman Maadi tandis que le dealer émouvant ou haïssable est interprété par Navid Mohammadzadeh. Les acteurs sont brillants tout autant que les enfants-acteurs : celui qui s’est sacrifié pour son père, vendeur de drogue prêt à tout pour éviter la prison et cet autre enfant qui fait de la gymnastique pour son oncle qui est condamné à mort. En France La Loi de Téhéran, porté par un excellent bouche-à-oreille, s’est imposé jusqu’à voir augmenter ses entrées de 3 % dans sa quatrième semaine d’exploitation. Initialement sorti sur une combinaison de 128 copies, il a été visible dans deux cent douze salles, dont dix-sept à Paris. Il a atteint les cent cinquante mille entrées, un beau score pour un film iranien d’un réalisateur inconnu du public Français. Une standing ovation au Festival du film de Venise, tandis qu’en Iran, il a dominé le Festival du film de Fajr en remportant le prix du public (qui est la plus haute distinction du festival), celui du meilleur montage, celui du meilleur enregistrement sonore tout en étant nommé dans un total de onze catégories.

Au festival international du film de Tokyo 2019 : Meilleur réalisateur et meilleur acteur pour Navid Mohammadzadeh Au festival Français Reims Polar 2021 : Grand prix et Prix de la critique. Ce film est une réussite qui change la vision occidentale du travail et de la progression du cinéma iranien.